23 mars 2013

Lire sur l'écriture: "Mémoires d'un métier: Écriture" de Stephen King (2000)

J'ai souvent fureté dans la section de ma bibliothèque où il y avait les livres sur l'écriture, quand j'étais adolescente. Sans jamais oser en emprunter un. Pourquoi? D'abord, je me souciais un peu trop de ce que les bibliothécaires allaient penser de mes emprunts (j'vous parle pas de ma période ésotérique, où je m'efforçais de ne pas être surprise à même regarder ces livres), ensuite parce que j'avais cette conception romantique - et combien erronée - que l'écriture, on l'avait ou on ne l'avait pas, ça ne s'apprend pas.

Les ateliers d'écriture m'ont bien domptée sur le sujet!!!

Donc, après en avoir entendu parler par le biais d'amis auteurs, j'ai lu la version Stephen King de "Comment écrire des histoires" (oui, la version Élisabeth Vonarburg est le premier livre sur l'écriture que j'ai lu... j'attends avec impatience sa réédition).

La partie biographique me faisait un peu peur. Je suis souvent en mode comparaison et j'ai tendance à me dire que je n'ai pas assez persisté, que je ne me suis pas assez intensément impliquée dans l'écriture pour être une vraie. En fait, j'ai bien aimé, après avoir nuancé dans ma tête que le contexte n'était pas le même (un point pour moi).

La section "boîte à  outils" nous rappelle l'importance de notre matériel principal: la langue. Dans tous ses aspects, des plus sympas (ah les champs lexicaux! et les figures de style aux noms rébarbatifs) aux plus arides (pour beaucoup, la grammaire, ou la ponctuation pour d'autres). Dommage que ses références soient anglophones, je dois trouver des références francophones (si vous avez des idées, gênez-vous pas). Tout ça pour dire que l'écriture, c'est bel et bien un métier, dont il faut affiner les outils et notre façon de les manipuler. Comment? Par la lecture bien sûr! Bon, ça, je savais déjà, mais j'avoue que depuis que je fais des commentaires de lecture sur ce blogue, ça m'aide à discerner ce que j'aime de ce que je n'aime pas, mais si j'ai encore des difficultés à en expliquer les raisons.

Enfin, la section "Écriture" est un regroupement de pensées de l'auteur sur les éléments importants. Certains sont intéressants, comme sa perception que, dans une histoire, il faut dire la vérité, ce qui contraste avec le "mens-moi, mais fais ça bien", quoique je peux voir où les deux se rejoignent. Par contre, d'autres éléments sont moins pertinents à cause du contexte (les agents, la façon de contacter les revues...).

Au bout du compte, ce fut une lecture très motivante, bien que je me dise que je ne puisse pas lire 70 livres à l'année ni écrire 2 000 mots à TOUS les jours (hey, j'ai un boulot et une famille!)... du moins au début, mais ça m'a relancée.

Je recommande, de la part de quelqu'un pas très penchée vers les biographies.




7 mars 2013

"Diaspora" de Greg Egan (1997)

Résumé

Des siècles dans le futur, l'humanité est divisée en trois groupes: les êtres de chairs et de sang, les personnalités implantées dans des androïdes et les personnalités implantées dans des polis, ces complexes informatiques enterrés des kilomètres sous la surface de la Terre. Dans ces polis, certaines personnalités sont créées par le système lui-même. Yatima est un de ces 'orphelins'.

Au cours d'une excursion parmi les hommes de chair - eux-mêmes divisés en différentes 'races' suite à des modifications génétiques plus ou moins radicales -, il se lie d'amitié avec certains de ces humains, qui forment une communauté ayant pour but de faire le 'pont' entre les différentes races.

Cependant, les répercussions d'une catastrophe au confins de la galaxie menace toute vie sur Terre. Yatima tente de convaincre les hommes de chair de faire le saut vers les polis, mais tous ne sont pas prêts à abandonner leur choix de vie et plusieurs croient à une manipulation.

Une fois la Terre rasée de toute vie, à l'exception des polis profondément enterrée, plusieurs personnalités élaborent un ambitieux projet de diaspora à travers l'univers, à la recherche d'un endroit sûr qui permettra la pérennité de l'humanité. En chemin, ils exhumeront les signes de l'existence d'autres êtres ayant, avant eux, passé d'êtres de chair à êtres numériques, et qui avaient prédit la catastrophe qui avait rasé la Terre. Ils ont aussi prédit une nouvelle catastrophe avec le potentiel de rayé la galaxie entière.

Commentaires

Lecture complexe, histoire foisonnante d'idées, Diaspora  n'est pas à lire à la légère.

L'univers créé par Egan est complexe, en commençant par les polis et leurs habitants, qui sont au coeur du récit. Cependant, tout l'univers conjoint est aussi complexe, mais peu exploité en soi. On en vient à souhaiter qu'il développe davantage sur les relations entre les races des hommes de chair et sur les androïdes.

Les personnages principaux, des entités des polis, sont décrites et développées en opposition avec les hommes de chair, donc le lecteur lui-même. Tous les liens avec le corps d'origine, avec les émotions et les rituels issus des nécessités corporelles sont mal vus ou vécus comme étrangers. Yatima, le personnage principal, possède une pensée d'abord mathématique, qui s'accomplit dans les jeux théoriques.

Au cours des premiers chapitres, alors qu'on assiste à la naissance numérique de Yatima et à son développement, le récit est noyé sous les détails techniques, technologiques, scientifiques. Dans les chapitres où il y a contact avec les humains de chair, on revient en terrain connu, il est plus facile de s'orienter, et même de comprendre les entités entièrement numériques, par rapport à cette humanité qui nous est plus familière. Cependant, avec leur éradication, l'histoire se poursuit dans un univers uniquement virtuel. Même si les entités visitent des lieux physiques, ils perçoivent tout à travers de l'équipement. Leur dépendance vis-à-vis de la technologie m'a donné le vertige. Je me suis aussi beaucoup demandé, au bout du compte, s'il y a un pépin, comment ils faisaient pour réparer, coincés qu'ils étaient dans leurs gigantesques complexes informatiques.

On pourrait bien sûr argumenter que les perceptions humaines ne sont pas si différentes du traitement des signaux fait par les ordinateurs.

Ensuite, il y a la poursuite de ces Transmuteurs. Le roman se sépare en vingt chapitres, regroupés en huit sections. Au début de chaque section, il y a une petite introduction mettant en scène Yatima et qui parle de la poursuite des Transmuteurs. Cependant, à aucun moment dans les chapitres eux-mêmes nous n'assistons à la découverte des Transmuteurs, ou à l'exercice de déduction ayant mené à l'hypothèse de leur existence. C'est plutôt déroutant.

Finalement, la migration se poursuit d'étoile en étoile, puis d'univers parallèle en univers parallèle, et c'est là où mon imagination a lâché. Parce que je n'ai pas pu concevoir ces univers à 8+1 dimensions, avec ce nord à angle droit dans une nouvelle dimension de mon plan vertical... Non. J'ai compris le but d'un certain chapitre, là où Yatima résout des exercices théoriques pour mettre à plat des formes étranges. Si encore ce n'était qu'une façon de faire exotique, mais le coeur même du propos est ce contraste de dimensions.

Tout ça pour revenir au point de départ. Au-delà des Transmuteurs et des êtres supérieurs aux Transmuteurs. Au-delà de millions d'années inconcevables. Le vertige je vous dis.

Des idées, il y en avait plein ce roman. Des belles, des bonnes. Techniques ou humaines. Mais j'ai décroché face à la lourdeur de l'aspect scientifique et mathématique, un aspect qui, pour moi, prenait trop de place. Un aspect  qui, au final, était l'histoire, et non pas la destinée de l'humanité. Or, les tribulations existentielles d'un extrapolateur de dimensions, ça ne me touche pas tant que ça.