16 févr. 2012

Intimité vs Curiosité

Je suis une commère. Si, si!
Dès que j'aperçois quelqu'un en train de lire sur la place publique (comprendre ici: dans le métro ou sur le quai du métro), j'essaye de découvrir le titre de l'ouvrage avec le plus de subtilité possible. J'ai peu de succès, trop gênée pour faire faire des méandres à mon cou ou pour parer les remous de la rail de métro. Néanmoins, je persiste. Pourquoi ce comportement? Simple curiosité? En fait, je cherche à la fois des suggestions de lecture et un certain réconfort.

Voyez-vous, je suis insécure. Même dans mes lectures, je doute. De mes choix, de mes goûts. Je crains le regard des autres. Pendant longtemps, quand j'invitais une personne pour la première fois à la maison, je présentais ma bibliothèque de loin, puis je passais aussitôt à autre chose, pour que l'invité(e) n'ait pas le temps de lire les titres qui habitaient les tablettes. 

Donc, quand je remarque un titre dans le métro, je peux me dire:«Bon, je ne suis pas seule à lire ce truc.» ou encore: «Si on peut lire du Danielle Steel publiquement sans éprouver la moindre honte, je devrais pouvoir lire mon livre sans m'inquiéter du regard des autres.»

Cependant, depuis Noël, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais cette activité de commérage est plus difficile. L'obstacle: la liseuse!
Je vous arrête: je n'ai rien contre, j'en possède une et si, les premiers temps, je rougissais de la sortir en plein transport en commun, ça m'a vite passé. Mes lectures se faisaient maintenant sous le couvert de l'anonymat, la liseuse offrant la même couverture imperturbable que je me plonge dans les lectures coupables des Dresden Files ou que je me lance dans le classique Le Rouge et le Noir.

L'inconvénient, vous le devinez, est que cette protection de ma vie privée de lectrice insécure est aussi offerte à ces autres lecteurs du transport en commun. Finie cette chasse aux titres, terminé cet étonnement d'avoir aperçu dix fois le même titre en moins de trois jours.

Je vais devoir m'y faire et faire un peu plus confiance à mon jugement personnel. Peut-être cela m'évitera-t-il de croire que je dois lire certains titres juste parce qu'ils croisent régulièrement ma route. En même temps, quelle vitrine perdue pour les auteurs! La couverture de livre, qui peut être si souvent une oeuvre en soi, comme l'a été la pochette de disque, deviendra-t-elle optionnelle, perdra-t-elle de son influence sur la vente?

Avouez que vous avez déjà acheté un livre pour sa couverture ;)




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