Soyons à la page pour une fois!
Avec la sortie de John Carter, allons-y avec le premier livre de la série dont le film est tiré. Un bouquin sorti en 1917, en pleine ère des pulps.
Un véritable voyage dans le temps, version littéraire.
Résumé
John Carter est un ancien soldat confédéré qui, après la guerre civile, part faire fortune en Arizona avec un camarade de l'armée, où ils trouvent une mine d'or. Après un affrontement avec les Apaches, Carter se réfugie dans une grotte pour dépérir jusqu'à ce son esprit quitte son corps.
À son réveil, il se retrouve sur Mars.
Explorant les environs, il fait d'abord la rencontre des Martiens verts, ces géants à six bras et aux visages armés de défenses. On lui assigne une femme ainsi qu'une bête pour le garder et prendre soin de lui. Cette femme martienne se distingue des siens par une démonstration de sentiments d'affection et de compassion, les Martiens verts exhibant des comportements valorisant la violence. Alors que le groupe qui le tient prisonnier s'apprête à lever le camp pour un rassemblement des tribus, une flotte passe dans le ciel et ils l'attaquent, faisant du même coup une prisonnière: Dejah Thoris, une princesse parmi les Martiens rouges.
Similaire aux Terriens, si ce n'est par sa couleur de peau, elle acquiert rapidement le dévouement de John Carter, qui fera tout pour la rendre saine et sauve aux siens.
Critique
De prime abord, il faut accueillir ce livre pour ce qu'il est: un roman d'aventures qui vise le divertissement. Point.
L'histoire est menée de péripétie en péripétie alors que le personnage principal est concentré sur sa survie, puis sur le sauvetage de la princesse d'Hélium. Dans ses errances et explorations du territoire martien, il fait de nombreuses rencontres dont la pertinence n'est pas toujours évidente, et dont la survenue peut paraître soit miraculeuse, soit très arrangée.
John Carter, déjà un Terrien exceptionnel car il ne vieillit pas (ce point n'apporte pourtant pas de profondeur au personnage), demeure pragmatique, héros stoïque comme on n'en fait plus. Dès qu'il comprend qu'il est sur Mars, il se concentre sur sa survie, sans accorder une pensée à un éventuel retour sur Terre avant de rencontrer Dejah Thoris. Il accepte sa situation, cette fatalité.
C'est aussi un personnage qui tranche avec les héros actuels, aux prises avec une conscience. Il n'a aucun remords à tuer et mépriser les Martiens verts, au physique très étranger, mais faire du mal à un Martien rouge, dont l'apparence est très similaire à celle des humains, lui est moins acceptable. Pourtant, il n'hésite pas à s'allier aux premiers pour détruire une ville des seconds dans le seul but de sauver la princesse.
En lien avec cette alliance, il y a cette influence qu'exerce Carter sur les Martiens, verts et rouges. Oui, son habitude d'une gravité plus élevée lui permet des prouesses impressionnantes, mais il demeure étonnant de constater à quel point les uns comme les autres le croient: aucun scepticisme face à son histoire. Son ascendant sur les décisions est aussi impressionnant et difficile à comprendre. Qu'il convainc Tars Tarkas, un Martien vert atypique, c'est une chose, mais que le reste du clan suive sans protestation des actions si contraire aux usages, influencées par un petit humain ressemblant beaucoup à leurs ennemis, c'est gros. Ce type de facilité trahit un auteur qui aplanit les difficultés et qui se fait aussi sentir, dans la dernière section, lorsque Carter fait montre d'habiletés et de connaissances dont le lecteur apprend l'acquisition seulement au moment où leur utilisation devient nécessaire.
Ce roman est truffé de raccourcis et de personnages unidimensionnels, mais il se lit TELLEMENT vite! Un vrai divertissement. De plus, par une sorte d'effet involontaire de son archaïsme, il fait réfléchir le lecteur sur tous ces lieux communs de l'époque, tous ces comportements jadis acceptables, sur cette absence de nuances, de gris, qui a fait le grandiose de l'époque. Sans oublier cette perception si erronée de Mars, mais basée sur les avis scientifiques de ce début de 20ème siècle.
À lire. Pour le divertissement rafraîchissant qui, pourtant, date d'un siècle!
Lu: Décembre 2011
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