Pour suivre mon billet précédent, voici ce qui m'a trotté dans la tête pendant ces trois à quatre semaines de lecture des quelques trente textes et plus participants au Prix Solaris 2012.
En vrac (à mettre dans un sac de plastique et à peser):
La première page d'un texte révèle beaucoup. J'ai lu les deux-trois premières pages de chaque texte pour une première sélection et déjà, j'ai remarqué les textes dont la qualité de l'écriture n'était pas suffisante ou encore dont l'histoire semblait - déjà! - pêle-mêle. En cas de doute, j'ai conservé les textes.
Certains textes m'ont surprise, d'autres m'ont déçue à l'arrivée (ou au milieu!). Il y a aussi des textes que j'avais conservés par simple curiosité vis-à-vis de l'idée.
L'imagination des gens est sans borne! Avant, je jalousais les bonnes idées des autres (comme bien d'autres choses), mais j'ai fini par comprendre qu'on écrit chacun selon notre voix/voie. Maintenant, je suis simplement émerveillée par cette capacité.
Le jugement d'un texte demeure un exercice hautement subjectif. Malgré qu'on essaie de se baser sur les critères les plus subjectifs possibles, tout comme dans l'écriture, nous jugeons avec ce que nous sommes. Donc il y a des choses qui ne passent pas chez moi, mais qui sont acceptées/appréciées par d'autres. Quand j'ai vu la liste des textes mis en ordre par une de mes collègues du jury, j'ai d'abord douté de mon jugement, mais quand j'ai vu la seconde liste, j'ai compris. Parfois j'avais jugé comme l'une, parfois comme l'autre, parfois j'étais seule dans mon choix. Comme quoi il n'y a pas qu'une vérité.
C'est une constatation à la fois réconfortante et terrifiante.
Réconfortante parce que ça nous donne l'espace d'être nous-mêmes, de nous faire confiance.
Terrifiante parce que, en tant qu'anxieuse incurable, j'aime l'encadrement, ça me rassure, je veux des fondations stables.
Bon, et si je penchais du côté positif pour une fois?
PS: pour la décision, j'ai quand même concocté sur le vif un petit texte de présentation alimenté par les remarques de Francine. L'art d'être concis. Je devrais prendre exemple là-dessus pour mes critiques.
Très intéressant comme compte-rendu, Josée ! Ça fait réfléchir sur l'impact des premières pages...
RépondreSupprimerPour le Prix Solaris, comme le texte devait être publiable sans trop de travail éditorial, les premières pages pouvaient être très révélatrices. Dans plusieurs cas, même si l'histoire avait du potentiel, le travail à faire sur la langue ou sur les composantes de l'histoire (personnages, narrateur, dialogues...)les éliminait de la liste des potentiels gagnants. Ok, des fois, par curiosité, même si je savais que ça n'y était pas, je gardais le texte par curiosité parce que l'histoire m'intriguait.
SupprimerDemeure que les premières pages, les premiers paragraphes, sont cruciaux. Quand je lis, je refuse d'arrêter un livre commencé, alors je ne suis pas trop dure sur les débuts, mais pour plusieurs lecteurs, si on ne les accroche pas dès le début, hop, ils passent au suivant!
J'ai aussi eu cette réflexion à faire récemment, alors que je prenais part à un jury. Certains des textes étaient excellents, mais comme ils demandaient un retravail (même léger), nous avons du les écarter. Car le critère "publiable tel quel" devait primer, comme tu le dis (sans oublier l'importance qu'accordent beaucoup de lecteurs aux premières pages). En tout cas, c'est aussi le genre d'expérience que j'apprécie : merci de nous partager tes impressions !
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