17 nov. 2012

Lecture: "The Big Time" de Fritz Leiber (1961)

Résumé

La Guerre des Modifications oppose les Serpents aux Araignées, avec comme enjeu le sort de l'Humanité. Enclenchée dans un futur lointain, son champ de bataille est l'Histoire. Ses troupes s'affrontent dans les moments-clés de notre histoire, pour en changer ou en conserver l'issue, selon ce qui favorise leur victoire future. Cette guerre, qui a lieu à l'insu des gens qui vivent dans le temps, provoque pourtant des changements dans la ligne temporelle.

Au milieu de toute cette folie, il y a la Place, un lieu hors du Temps et de l'Espace, maintenu dans le néant par une technologie fragile. Là, les entertainers divertissent les soldats durant leurs brefs répits entre deux mission en mission.

C'est dans une de ces Places que Greta Forzane travaille avec cinq collègues, tous arrachés à leur vie juste avant leur décès. Après une accalmie, un trio de soldats hétéroclite - un officier Nazi, un centurion et un soldat américain de la Première Guerre - débarquent dans la Place après une mission au succès mitigé. Les esprits s'échauffent, les voix s'élèvent, rien d'anormal pour ce lieu fait pour évacuer les tensions. Cependant, trois autres soldats échouent par accident à la Place, toujours en pleine mission, transportant une arme nucléaire.

Commentaire

The Big Time est le deuxième livre de Fritz Leiber que je lis d'affilée. Mieux connu pour la série de Fafhrd and Gray Mouser  - qui inspira Donjons & Dragons - et son cycle des Épées, il a écrit plusieurs romans et nouvelles de science-fiction.  The Big Time a d'ailleurs été honoré d'un prix Hugo.

Le mélange des protagonistes aux diverses origines permet de bonnes confrontations, et leur rapport avec les Modifications de la ligne du Temps (dont des modifications de leur vie personnelle) offre un potentiel d'histoires. D'ailleurs, Leiber a écrit d'autres récits dans le même univers.

Cependant, si ces éléments sont présents, le noeud de l'histoire demeure le  lien avec ces Serpents et ces Araignées, les deux opposants que personne ne connaît, ainsi que le but nébuleux de cette guerre. C'est contre cette absurdité que proteste l'un des protagonistes, qui met tout le monde dans une situation périlleuse. Le point central en est donc un de philosophie, de positionnement face à cette guerre. Le questionnement amène la cristallisation des positions de chacun quand on leur demande de choisir leur camp, choix que seule Greta ne fait pas, exemptée par un élément de distraction. Elle ne résoudra jamais ce dilemme.

Les personnages, à prime abord dessinés à gros traits, se nuancent au cours des interactions.

Du point de vue narratif, Greta raconte au "je", avec ce ton de conversation familière qui met à l'aise, comme un client de la Place. Les confidences sont parfois un peu longues, et peu exploitées par la suite, et le positionnement principal du protagoniste qui veut échapper à ses supérieurs tient à un long discours. Heureusement fort bien construit et articulé, ce qui permet à un exposé potentiellement pénible de couler avec plus d'aisance. Il demeure que le livre laisse une impression de beaucoup de discussion pour peu d'action, concentrée en quelques endroits. Quant au dénouement - trouvé où est le fameux stabilisateur permettant à la Place de demeurer dans le Néant -, il est accompli par Greta, mais semble un peu factice tout du long, un artifice ou une excuse pour permettre la confrontation entre ceux qui veulent cesser d'être des pantins et ceux qui ne veulent pas déserter.

En somme, ce livre m'a paru être un aperçu d'une histoire pouvant être plus étoffée, avec énormément de possibilités. Très court (170 pages), il a pourtant des longueurs et l'habitude de l'auteur de mettre des majuscules un peu partout (eh non, ce n'est pas moi qui aie choisi d'en mettre) est agaçante, malgré la réflexion de la protagoniste à ce sujet. Peut-être est-ce le style qui a mal vieilli, mais je comprends mal son obtention d'un Hugo. Lecture intéressante, sans plus.

 

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