8 déc. 2012

Lecture: "The Land of the Living" de Robert Silverberg (1990)

Résumé

Au coeur de l'arrière-pays de l'Outre-Monde, là où tous les humains renaissent après leur première mort, Gilgamesh erre en solitaire, fuyant tous les hommes et ne cherchant la compagnie que d'un seul, Enkidu, avec qui il s'est querellé.

Sur sa route, il rencontrera divers individus dont ils regardent les plans et objectifs de haut. Car qu'est-il possible d'accomplir dans un monde en perpétuel changement, mais dont les changements reviennent toujours au même?

S'il apprécie la compagnie des hommes des Cavernes et des mystérieux Hommes Poilus, il exècre les Nouveaux Morts et leurs complications.

Cependant, dans sa quête pour retrouver son ami de toujours, il découvrira que, même après tant de millénaires dans l'Outre-Monde, cette seconde vie lui réserve son lot de surprise à propos des autres, mais surtout de lui-même.


Commentaire

La quatrième de couverture évoquait une aventure à la recherche de la sortie de l'Outre-Monde, avec Gilgamesh en tête d'un groupe de personnages connus, tels Picasso et Hélène de Troie. En réalité, ce résumé s'appliquait au dernier quart du roman, laissant de côté tout le début, dont les premiers chapitres, qui avaient valu à Silverberg un Hugo de la meilleure novella (parue alors sous le titre "Gilgamesh in the Outback").

Le style de Silverberg permet un mélange bien dosé d'action et de réflexion. Une large part est réservée à l'introspection de Gilgamesh, à son point de vue sur les autres et sur cet Outre-Monde, mais jamais le texte ne paraît lourd, ou lent, ou moralisateur. Ce sont les tourments d'un homme dans un monde incompréhensible et frustrant. La confrontation entre cet être des débuts de la civilisation et des hommes de temps plus récents - et parfois plus lointains - procure une mine d'opportunités pour affiné la vision du monde du personnage, et sa vision de l'humanité. Quand on ajoute la réalité de cet Outre-Monde qui diffère de toutes les croyances en la vie après la vie, le récit devient une réflexion sur la nature humaine, l'identité, le but de nos existences.

J'ai quelques bémols sur les changement de narrateur, qui sont peu fréquents et, par cela, sont difficiles à comprendre. Pourquoi s'aligner une seule fois sur le point de vue d'un personnage? En particulier quand on ne le reverra pas?
La fin, la concrétisation de la quatrième de couverture, m'a fait hésité. Cela m'a semblé rajouter (en fait, ce l'est! mais ce n'est pas l'unique partie ajoutée) et maladroit, comme si l'auteur avait senti le besoin d'un coup d'éclat et d'une fin nébuleuse pour souligner la réflexion. Inutile, car tout au long du récit, il avait réussi à glisser les éléments de réflexion à l'intérieur du récit. C'était plus réussi.

Je tiens à souligner que cette histoire, comme elle utilise de nombreux personnages connus et utilise la confrontation entre les époques et les philosophies, demandait un degré d'érudition et d'attention aux détails. Je ne suis pas historienne, peut-être que je n'ai pas vu les défauts, mais les personnages prennent corps, sont approfondis et leur époque d'origine les caractérise aussi. Jamais l'aspect de recherche historique ne prend le dessus pour alourdir le récit ou mettre en valeur l'érudition de l'auteur.

Un livre inclassable, penché sur la nature humaine du point de vue, non pas d'un philosophe ou d'un homme de lettre, mais d'un homme d'action. Je l'ai lu très vite, mais je déplore le résumé de quatrième de couverture et la section à laquelle il réfère.

À lire, si vous le trouvez! (Je l'ai acheté chez un marchand de livres usagés).

2 commentaires:

  1. Tu sais si ça a rapport à Gilgamesh the King du même auteur ? J'ai lu ce roman il y a bien longtemps et je n'en garde aucun souvenir.

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    1. C'est mon premier livre de Silverberg. De ce que j'ai pu trouver, ce roman peut constituer une sorte de suite au livre que tu mentionnes. Après tout, les deux livres ont été écrits assez rapprochés. Dans "Land of the Living", je croyais qu'il s'appuyait toujours sur le mythe. Je connais l'existence du mythe, mais pas les détails, peut-être ce que j'ai pris pour des éléments du mythe sont en réalité des éléments issus de sa version.

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