7 mars 2013

"Diaspora" de Greg Egan (1997)

Résumé

Des siècles dans le futur, l'humanité est divisée en trois groupes: les êtres de chairs et de sang, les personnalités implantées dans des androïdes et les personnalités implantées dans des polis, ces complexes informatiques enterrés des kilomètres sous la surface de la Terre. Dans ces polis, certaines personnalités sont créées par le système lui-même. Yatima est un de ces 'orphelins'.

Au cours d'une excursion parmi les hommes de chair - eux-mêmes divisés en différentes 'races' suite à des modifications génétiques plus ou moins radicales -, il se lie d'amitié avec certains de ces humains, qui forment une communauté ayant pour but de faire le 'pont' entre les différentes races.

Cependant, les répercussions d'une catastrophe au confins de la galaxie menace toute vie sur Terre. Yatima tente de convaincre les hommes de chair de faire le saut vers les polis, mais tous ne sont pas prêts à abandonner leur choix de vie et plusieurs croient à une manipulation.

Une fois la Terre rasée de toute vie, à l'exception des polis profondément enterrée, plusieurs personnalités élaborent un ambitieux projet de diaspora à travers l'univers, à la recherche d'un endroit sûr qui permettra la pérennité de l'humanité. En chemin, ils exhumeront les signes de l'existence d'autres êtres ayant, avant eux, passé d'êtres de chair à êtres numériques, et qui avaient prédit la catastrophe qui avait rasé la Terre. Ils ont aussi prédit une nouvelle catastrophe avec le potentiel de rayé la galaxie entière.

Commentaires

Lecture complexe, histoire foisonnante d'idées, Diaspora  n'est pas à lire à la légère.

L'univers créé par Egan est complexe, en commençant par les polis et leurs habitants, qui sont au coeur du récit. Cependant, tout l'univers conjoint est aussi complexe, mais peu exploité en soi. On en vient à souhaiter qu'il développe davantage sur les relations entre les races des hommes de chair et sur les androïdes.

Les personnages principaux, des entités des polis, sont décrites et développées en opposition avec les hommes de chair, donc le lecteur lui-même. Tous les liens avec le corps d'origine, avec les émotions et les rituels issus des nécessités corporelles sont mal vus ou vécus comme étrangers. Yatima, le personnage principal, possède une pensée d'abord mathématique, qui s'accomplit dans les jeux théoriques.

Au cours des premiers chapitres, alors qu'on assiste à la naissance numérique de Yatima et à son développement, le récit est noyé sous les détails techniques, technologiques, scientifiques. Dans les chapitres où il y a contact avec les humains de chair, on revient en terrain connu, il est plus facile de s'orienter, et même de comprendre les entités entièrement numériques, par rapport à cette humanité qui nous est plus familière. Cependant, avec leur éradication, l'histoire se poursuit dans un univers uniquement virtuel. Même si les entités visitent des lieux physiques, ils perçoivent tout à travers de l'équipement. Leur dépendance vis-à-vis de la technologie m'a donné le vertige. Je me suis aussi beaucoup demandé, au bout du compte, s'il y a un pépin, comment ils faisaient pour réparer, coincés qu'ils étaient dans leurs gigantesques complexes informatiques.

On pourrait bien sûr argumenter que les perceptions humaines ne sont pas si différentes du traitement des signaux fait par les ordinateurs.

Ensuite, il y a la poursuite de ces Transmuteurs. Le roman se sépare en vingt chapitres, regroupés en huit sections. Au début de chaque section, il y a une petite introduction mettant en scène Yatima et qui parle de la poursuite des Transmuteurs. Cependant, à aucun moment dans les chapitres eux-mêmes nous n'assistons à la découverte des Transmuteurs, ou à l'exercice de déduction ayant mené à l'hypothèse de leur existence. C'est plutôt déroutant.

Finalement, la migration se poursuit d'étoile en étoile, puis d'univers parallèle en univers parallèle, et c'est là où mon imagination a lâché. Parce que je n'ai pas pu concevoir ces univers à 8+1 dimensions, avec ce nord à angle droit dans une nouvelle dimension de mon plan vertical... Non. J'ai compris le but d'un certain chapitre, là où Yatima résout des exercices théoriques pour mettre à plat des formes étranges. Si encore ce n'était qu'une façon de faire exotique, mais le coeur même du propos est ce contraste de dimensions.

Tout ça pour revenir au point de départ. Au-delà des Transmuteurs et des êtres supérieurs aux Transmuteurs. Au-delà de millions d'années inconcevables. Le vertige je vous dis.

Des idées, il y en avait plein ce roman. Des belles, des bonnes. Techniques ou humaines. Mais j'ai décroché face à la lourdeur de l'aspect scientifique et mathématique, un aspect qui, pour moi, prenait trop de place. Un aspect  qui, au final, était l'histoire, et non pas la destinée de l'humanité. Or, les tribulations existentielles d'un extrapolateur de dimensions, ça ne me touche pas tant que ça.





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