22 sept. 2014

Narrateur qui sait ce qui va se passer.

Je suis en train de lire un roman plutôt bien écrit avec narrateur au "je". D'accord, pas mon type de narrateur préféré, mais dans ce cas-ci, c'est essentiel. Tout se passe plutôt bien à l'exception de petites digressions qui nous font décrocher du narrateur qui vit avec nous les événements. D'un coup, on se rend compte que le narrateur nous raconte ce qui lui est arrivé, comme si on était au coin du feu. Vous savez, avec de petits commentaires du type: "... cela ne pouvait aller  pire. Ah, si elle avait su à ce moment à quel point elle n'avait pas toucher le fond." Vous voyez ce que je veux dire?

Ça m'énerve.

Parce que ça vend la mèche à deux niveaux: de l'action à venir et du dénouement ultime.

Personnellement, ça casse l'atmosphère. J'ai toujours l'impression de tomber dans un texte écrit il y a quelques décennies, comme si le style appartenait à une autre époque. Un peu comme les romans épistolaires.

Heureusement, dans le roman que je lis en ce moment, les commentaires comme ça ne sont pas légion, mais ça irrite quand même.

Peut-être que ça irrite plus à cause de leur sporadicité? Comme si ce n'était pas intégré au narrateur. S'ils étaient plus constants, ils ne casseraient rien, puisqu'ils feraient pleinement partie de la narration.

Donc pas assez affirmés? Dans la narration, est-ce la loi du tout ou rien?

5 commentaires:

  1. "Ah, si elle avait su à ce moment..." Oh la la, j'ai lu certains auteurs qui "annonçaient la couleur" comme on dit, entre autres un roman policier de PD James qui dès la première ligne m'a un peu cassé le plaisir en annonçant la mort du personnage qu'on suivait dans une moitié du livre.
    Pour les digressions mal placées: moi aussi ça m'énaaAArve!
    Le style épistolaire "à trois étages" des vieux récits: le "je le tiens d'un voyageur qui l'a su de son père à qui s'est confié le bûcheron qui a vécu cette horrible (ou incroyable) aventure..."

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  2. J'ai tendance à croire qu'on peut pas mal tout faire, en littérature, MAIS que certaines choses requièrent plus de doigté que d'autres. Je crois que ce que tu soulèves tombe dans cette catégorie.

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  3. @ savantefolle: J'aime bien l'expression "annoncer les couleurs" ici. C'est bien cela. Le style "à étages" me dérangent moins dans les contes, on dirait que c'est la structure "par défaut", mais ailleurs, ça m'embête. Et dans le présent livre, le souci, c'est qu'on nous raconte l'histoire principalement comme si le narrateur la vivait en même temps que nous. Alors ces commentaires-là font vraiment bizarre.

    @Guillaume: ouais, doigté. J'essaye de voir comment cet élément peut être adéquatement utilisé et, à part avec une dose d''autodérision, je ne vois pas. À explorer.

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  4. Pour voir comment ça peut être exploité avec brio : le dernier tome de la Tour Sombre de King. Où King nous annonce dès le début du tome que l'un des personnages principaux va mourir et nous laisse nous ronger les sangs à savoir qui, quand, comment... (Et quand ça arrive, on braille!!!)

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    1. Ça dépend comment c'est annoncé et comment ça colle avec le narrateur choisi. Je me souviendrai toujours de "Chronique d'une mort annoncée". Tu sais ce qui va se passer, ce n'est pas ça qui compte, c'est la marche inexorable des événements, poussés par les us et coutumes. Là, ce qui me tombe sur les nerfs, ce n'est pas de savoir d'avance, c'est le type de remarque, saupoudré à droite et à gauche. C'est surtout que les remarques sont inutiles.

      Faut que je mette La tour sombre sur ma pile "à lire"

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