4 août 2012

Lecture: "The Left Hand of Darkness" de Ursula K. LeGuin

J'ai acheté The Left Hand of Darkness à Anticipation 2009. J'en avais tant entendu parler, il était sur toutes les listes de suggestions.
Enfin, je l'ai lu.
Pour me rendre compte que, tout ce que j'en savais, c'est que l'histoire se déroulait sur une planète où les humains changeaient de sexe. C'est un point important, central, mais l'histoire s'est révélée être beaucoup plus riche que cela.

Résumé
Genly Ai a été envoyé sur Gethen - surnommée Hiver par les siens - comme émissaire unique du regroupement des mondes connus (une sorte de fédération sans grand pouvoir d'autorité ayant pour but de réunir les descendants d'un peuple fondateur commun, humanoïde). Arrivé depuis déjà deux ans, Genly est sur le point d'obtenir enfin une audience avec le roi de Karhide, la patrie où il s'est établi, quand son principal allié est démis de ses fonctions et condamné à l'exile pour trahison. Las de l'indifférence du roi à son égard, il part vers la contrée voisine, qui entretient des relations tendues avec Karhide. Là, il sera utilisé, puis emprisonné pour enfin être libéré par nul autre que son ancien allié, Estraven, avec qui il entreprendra la traversée quasi-suicidaire du territoire le plus nordique afin de rentrer en Karhide. À travers ces épreuves, Genly tentera de mieux comprendre les notions de shifgrethor - ce principe qui semble s'apparenter à l'honneur et qui régit les relations interpersonnelles en les alourdissant - ainsi que les impacts de la sexualité particulière des gens de Gethen. Car sur cette planète, les habitants ne sont pas sexués, sauf en des moments précis. Alors, ils peuvent être mâle ou femelle, le sexe pouvant varier d'une fois à l'autre.

Commentaires
Je m'attendais à des manigances politiques. Je ne m'attendais pas à cette histoire, à cette traversée du désert de glace servant de lieu de rencontre entre deux solitudes. Je ne m'attendais pas à ces insertions de légendes qui approfondissent la culture, les moeurs de l'Autre en général, mais aussi, au fil de l'histoire, l'autre en particulier, Estraven.
Bien qu'au début, l'habitude du personnage principal de classer les comportements en 'féminins' et 'masculins' m'ait agacée, on comprend peu à peu qu'il s'agit plus d'un indice de la perte de ses repères.
L'opposition entre les deux grands gouvernements de la planète semble de prime abord caricaturale, mais LeGuin, comme dans tout le roman, affine graduellement les grands traits, tout comme nous nuançons nos préjugés au fur et à mesure de notre rencontre avec l'autre. Genly lui-même, au début très axé sur sa mission et ses ambitions, s'humanise graduellement.
La notion de shifgrethor demeure trouble dans mon esprit, mais je crois que c'est voulu, c'est la part insaisissable.
Cette histoire somme toute assez brutale de trahison, d'exile, d'emprisonnement et d'évasion, est racontée avec douceur et simplicité, dans une langue à la fois précise et directe, poétique et introspective.
Ma seule nuance restera l'entrée tardive de la "voix" d'Estraven. Nous comprenons à la fin le pourquoi de cette arrivée tardive dans le récit qui est une sorte de rapport fourni aux supérieurs de Genly, mais son apparition me sembla brutale.

J'ai été emportée. Je ne sais par quoi, ni comment. Je suis embarquée dans l'histoire et me suis laissée menée par son flot, bercée par le bruit de son eau.
J'aime rarement les oeuvres trop poétiques. Celle-ci me laisse cette impression, bien que je sache que l'histoire n'a jamais quitté le concret et que la langue n'a jamais été fleurie et brodée.
Étrange.
C'est un bon sentiment, ça, l'étrange.
C'est pour ça qu'on lit de la SF, non?



1 commentaire:

  1. Le Guin a l'art de brosser à grands traits pour ensuite affiner, d'écrire d'abord en prose pour finir en poésie.

    Je n'ai pas lu ce roman-là, mais Terremer me fait le même effet à chaque fois que je m'y replonge!

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