16 déc. 2012

Lecture : "Révolte sur la Lune" de Robert A. Heinlein (1966)

Résumé

Utilisée à l'origine comme colonie pénitentiaire, la Lune héberge désormais des citoyens libres - les Lunatiques -, descendants des anciens déportés. Toutefois, elle demeure sous la gouverne d'un Gardien et a comme fonction principale de fournir la Terre surpeuplée en nourriture.

Un ordinateur principal est responsable de la bonne marche des différentes villes souterraines constituant la colonie. Avec l'accumulation des tâches, il a été augmenté, mis à niveau et un jour, il s'est mis à penser. Seul son réparateur régulier, Manuel, s'est aperçu de cette évolution. Conservant le secret, il profite de fausses demandes de réparation issues de l'ordinateur pour lui rendre des visites, converser avec lui, discuter de son sens de l'humour qui est encore à peaufiner.

Un soir, Mike - du nom que se donne l'ordinateur - lui demande d'aller surveiller une réunion. Sans le savoir, Manuel se trouvera mêlé aux démarches d'autonomisation et de libération de la Lune. Entraîné par une jolie révolutionnaire et son professeur qui lui a permis d'apprendre l'informatique, Manuel leur révélera le secret de Mike, ce qui rendra soudainement possible leur soulèvement.

Avec Mike qui prendra une identité pastiche pour devenir un des leaders du mouvement, Manuel sera plongé jusqu'au cou dans cette lutte, faite de manipulations des ennemis comme des alliés, alors qu'il ne souhaitait que la tranquillité.

Commentaire

 Dans ce roman, Heinlein mélange à merveille la vie d'un homme ordinaire, un développement informatique inouï et la destinée d'une population entière, dont l'existence est elle-même basée sur une projection future de l'évolution de la science et de la technologie humaine.

Les personnages sont crédibles, constants sans être trop simplifiés, et attachants. Il y a beaucoup de personnages secondaires, mais le groupe principal est toujours au coeur de l'action. On suit aisément les tourments et le désarroi de Manuel, quand il se sent dépassé par les événements. On partage ses liens avec sa famille et Mike. La seule faiblesse, selon moi, est dans le rôle des femmes qui, malgré qu'elles soient une ressource rare sur la Lune, semblent toujours confinées dans des rôles très traditionnels. Le personnage féminin principal, Wyoming, déroge un peu de ce rôle, mais pas tant.

L'univers social créé par Heinlein sur cette Lune exploite plusieurs idées découlant de la rareté des femmes, du fait que les habitants sont tous soit des criminels, soit des descendants de criminels ou de déportés, et de la réalité de vivre dans un environnement qui dépend  du bon fonctionnement de son système gérant les éléments essentiels à la vie. Sur la Lune, les impacts de certains gestes et de certains accidents ont des portées différentes que s'ils arrivaient sur Terre. Enfin, l'écriture simple et directe concorde à merveille avec les personnages et la réalité lunaire.

Pour conclure, le canevas même de ce roman, où l'intrigue repose sur des éléments technologiques ainsi que sur la façon dont les humains transigent avec eux, en fait une lecture incontournable. Et très agréable à lire, qui plus est!

8 déc. 2012

Lecture: "The Land of the Living" de Robert Silverberg (1990)

Résumé

Au coeur de l'arrière-pays de l'Outre-Monde, là où tous les humains renaissent après leur première mort, Gilgamesh erre en solitaire, fuyant tous les hommes et ne cherchant la compagnie que d'un seul, Enkidu, avec qui il s'est querellé.

Sur sa route, il rencontrera divers individus dont ils regardent les plans et objectifs de haut. Car qu'est-il possible d'accomplir dans un monde en perpétuel changement, mais dont les changements reviennent toujours au même?

S'il apprécie la compagnie des hommes des Cavernes et des mystérieux Hommes Poilus, il exècre les Nouveaux Morts et leurs complications.

Cependant, dans sa quête pour retrouver son ami de toujours, il découvrira que, même après tant de millénaires dans l'Outre-Monde, cette seconde vie lui réserve son lot de surprise à propos des autres, mais surtout de lui-même.


Commentaire

La quatrième de couverture évoquait une aventure à la recherche de la sortie de l'Outre-Monde, avec Gilgamesh en tête d'un groupe de personnages connus, tels Picasso et Hélène de Troie. En réalité, ce résumé s'appliquait au dernier quart du roman, laissant de côté tout le début, dont les premiers chapitres, qui avaient valu à Silverberg un Hugo de la meilleure novella (parue alors sous le titre "Gilgamesh in the Outback").

Le style de Silverberg permet un mélange bien dosé d'action et de réflexion. Une large part est réservée à l'introspection de Gilgamesh, à son point de vue sur les autres et sur cet Outre-Monde, mais jamais le texte ne paraît lourd, ou lent, ou moralisateur. Ce sont les tourments d'un homme dans un monde incompréhensible et frustrant. La confrontation entre cet être des débuts de la civilisation et des hommes de temps plus récents - et parfois plus lointains - procure une mine d'opportunités pour affiné la vision du monde du personnage, et sa vision de l'humanité. Quand on ajoute la réalité de cet Outre-Monde qui diffère de toutes les croyances en la vie après la vie, le récit devient une réflexion sur la nature humaine, l'identité, le but de nos existences.

J'ai quelques bémols sur les changement de narrateur, qui sont peu fréquents et, par cela, sont difficiles à comprendre. Pourquoi s'aligner une seule fois sur le point de vue d'un personnage? En particulier quand on ne le reverra pas?
La fin, la concrétisation de la quatrième de couverture, m'a fait hésité. Cela m'a semblé rajouter (en fait, ce l'est! mais ce n'est pas l'unique partie ajoutée) et maladroit, comme si l'auteur avait senti le besoin d'un coup d'éclat et d'une fin nébuleuse pour souligner la réflexion. Inutile, car tout au long du récit, il avait réussi à glisser les éléments de réflexion à l'intérieur du récit. C'était plus réussi.

Je tiens à souligner que cette histoire, comme elle utilise de nombreux personnages connus et utilise la confrontation entre les époques et les philosophies, demandait un degré d'érudition et d'attention aux détails. Je ne suis pas historienne, peut-être que je n'ai pas vu les défauts, mais les personnages prennent corps, sont approfondis et leur époque d'origine les caractérise aussi. Jamais l'aspect de recherche historique ne prend le dessus pour alourdir le récit ou mettre en valeur l'érudition de l'auteur.

Un livre inclassable, penché sur la nature humaine du point de vue, non pas d'un philosophe ou d'un homme de lettre, mais d'un homme d'action. Je l'ai lu très vite, mais je déplore le résumé de quatrième de couverture et la section à laquelle il réfère.

À lire, si vous le trouvez! (Je l'ai acheté chez un marchand de livres usagés).

1 déc. 2012

Présence à un lancement

Oui oui, je suis sortie de mes habitudes casanières, franchissant le rempart de toutes ces excuses que je me trouve toujours pour ne pas faire quelque chose: je suis allée à un lancement! Le deuxième de mon existence (le premier étant celui de Si l'oiseau meure de Francine Pelletier... voilà déjà quelques années).

Le lancement en question? Exodes, le deuxième opus de La Maison des Viscères.
 
Rassurez-vous, tout c'est bien passé malgré l'échec lamentable de la tentative de Jonathan de refiler ma compagnie à Dave :P Il s'est retrouvé avec nos deux compagnies en même temps. HA!

J'ai été très contente de voir tout le monde, de parler, de prendre des nouvelles en chair et en os (parce que les statuts Facebook, c'est pas des vraies nouvelles, pis ça dégénère pas autant en discussions pas rapport qui ). Au final, je connaissais pas mal de gens. C'est gens-là m'ont reconnue (ouais, c'est une petite crainte que j'ai, je suis plutôt discrète, alors je me souviens des personnes, mais ce n'est pas toujours réciproque). J'ai réussi à avoir des conversations dignes du nom (je manque un peu de pratique de ce côté).

Pour ceux qui se demandent quand je vais publier de nouveau (question assez flatteuse quand on y pense): j'écris - lentement -, mais j'écris. J'essaye de structurer mon peu de temps et de ne pas céder à l'angoisse. Je ne m'étirerai pas sur ce sujet, mon blog risquerait de ressembler à une thérapie chez le psy.

Honte à moi, je n'ai pas acheté Exodes! Bon, va falloir que je participe à plus de ces trucs pour m'améliorer.

Bref, ça m'a fait un bien fou. Je devrais fréquenter mes semblables un peu plus souvent.
Vous voulez venir prendre un petit thé avec moi???

24 nov. 2012

Lecture: "Frankenstein délivré" de Brian Aldiss (1973)

Résumé

 Dans un futur pas si lointain sévit une guerre mondiale. À New Houston, Joseph Bodenland s'occupe de ses petits-enfants avec l'aide d'une nourrice, car leurs parents ont été tués et sa femme a été envoyée en Asie du Sud-Est en mission humanitaire. Un matin, la nouvelle éclate: les bombardements incessants dans l'atmosphère de la planète ont créé une rupture de l'espace-temps, provoquant d'imprévisibles glissements temporels.

Joe subit quelques uns de ces glissements, sa maison entière et une portion du terrain se retrouvant à des époques et des lieux autres, comme le Moyen-Âge, pour des durées indéterminées. Durant un de ces glissements, il s'aventure au-delà de son territoire dans sa voiture et sa maison retourne dans son espace-temps sans lui, le laissant exilé à une autre époque.

Il découvre qu'il est en Suisse, au début du XIXème siècle. Ce qui le trouble le plus, ce sont les événements dont il est témoin, des événements qui, pour lui, étaient issus d'une oeuvre de fiction: il vit des passage du Frandenstein de Mary Shelley. Il croise à la fois la créature et son créateur alors que le procès d'une servante accusée à tort est en cours. Il décide donc de faire de son mieux pour rectifier l'injustice en devenir.

En cours de route, il subit un nouveau glissement qui l'emmène un peu plus tard et lui fait croiser le chemin, cette fois-ci, de Mary Shelley elle-même. Cette rencontre brouille de plus en plus le sentiments de réalité et d'identité de Joe.

Commentaire

J'ai acheté ce livre au cours d'une Bibliovente pendant laquelle je repérais les formats poches à couverture argentée. Je trouvais le titre de bon augure quand j'ai cherché une lecture autour du 31 octobre.

La prémisse est un brin loufoque, qu'une bombe ait "déréglé le temps", mais j'ai laissé passer.

La narration est à la première personne, nous parvenant d'abord par une correspondance entre le personnage et sa femme, puis par un enregistrement fait au cours de l'aventure. Le clin d'oeil au style souvent adopté du dix-neuvième qui transmettait une histoire par le biais d'un journal est sympathique.

Le personnage principal, d'abord cadré dans son environnement naturel, subit peu à peu une crise et une perte d'identité, qu'il nous verbalise de façon régulière. Une chance, car je ne crois pas que j'aurais perçu les incohérences ainsi. Le personnage n'est pas assez bien enraciné au début pour bien supporter les changements subséquents, on hésite entre cette hypothèse et l'hypothèse d'un personnage flou et incohérent.

Si le saut dans le monde fictif fait surgir de nombreuses questions et contient un potentiel d'interrogations. le saut dans le monde réel et la rencontre avec Mary Shelley pouvait semer encore plus de troubles. Mais le personnage se perd dans une admiration sans borne où on se sent dans le fantasme d'un fanboy. La coupure est raide lorsqu'on revient dans l'univers fictif (???) et on sent qu'on a perdu les motivations du personnages. Pourquoi se démène-t-il ainsi? Le tout pour finir avec un nouveau glissement qui les mène dans un nouvel univers, fictif ou non? Il y a trop d'indéterminés.

Par contre, tout le questionnement du personnage sur les natures humaines, celles des différents siècles, le sien et celui où il arrive, reflète le désenchantement d'une illusion, d'une idéalisation.

L'écriture est superbe, ce qui rend la lecture plus facile. Je ne crois pas que j'aurais lu le livre jusqu'à la fin n'eût été de cela.

En résumé, un livre bien écrit, dont les questionnements principaux sont oubliés au profit d'une section centrale mal exploitée qui, du coup, semble provenir d'un livre différent. Le tout part en vrille à la fin. A-t-on voulu calquer le Frankenstein original dans les événements? Ça fait trop longtemps que je l'ai lu. Il y a des similarités, mais franchement, ça ne vaut pas le coup de se creuser la tête.

Aldiss est un grand de la science-fiction, j'essaierai de le lire à nouveau, mais je ne suis pas convaincue pour l'instant.

17 nov. 2012

Lecture: "The Big Time" de Fritz Leiber (1961)

Résumé

La Guerre des Modifications oppose les Serpents aux Araignées, avec comme enjeu le sort de l'Humanité. Enclenchée dans un futur lointain, son champ de bataille est l'Histoire. Ses troupes s'affrontent dans les moments-clés de notre histoire, pour en changer ou en conserver l'issue, selon ce qui favorise leur victoire future. Cette guerre, qui a lieu à l'insu des gens qui vivent dans le temps, provoque pourtant des changements dans la ligne temporelle.

Au milieu de toute cette folie, il y a la Place, un lieu hors du Temps et de l'Espace, maintenu dans le néant par une technologie fragile. Là, les entertainers divertissent les soldats durant leurs brefs répits entre deux mission en mission.

C'est dans une de ces Places que Greta Forzane travaille avec cinq collègues, tous arrachés à leur vie juste avant leur décès. Après une accalmie, un trio de soldats hétéroclite - un officier Nazi, un centurion et un soldat américain de la Première Guerre - débarquent dans la Place après une mission au succès mitigé. Les esprits s'échauffent, les voix s'élèvent, rien d'anormal pour ce lieu fait pour évacuer les tensions. Cependant, trois autres soldats échouent par accident à la Place, toujours en pleine mission, transportant une arme nucléaire.

Commentaire

The Big Time est le deuxième livre de Fritz Leiber que je lis d'affilée. Mieux connu pour la série de Fafhrd and Gray Mouser  - qui inspira Donjons & Dragons - et son cycle des Épées, il a écrit plusieurs romans et nouvelles de science-fiction.  The Big Time a d'ailleurs été honoré d'un prix Hugo.

Le mélange des protagonistes aux diverses origines permet de bonnes confrontations, et leur rapport avec les Modifications de la ligne du Temps (dont des modifications de leur vie personnelle) offre un potentiel d'histoires. D'ailleurs, Leiber a écrit d'autres récits dans le même univers.

Cependant, si ces éléments sont présents, le noeud de l'histoire demeure le  lien avec ces Serpents et ces Araignées, les deux opposants que personne ne connaît, ainsi que le but nébuleux de cette guerre. C'est contre cette absurdité que proteste l'un des protagonistes, qui met tout le monde dans une situation périlleuse. Le point central en est donc un de philosophie, de positionnement face à cette guerre. Le questionnement amène la cristallisation des positions de chacun quand on leur demande de choisir leur camp, choix que seule Greta ne fait pas, exemptée par un élément de distraction. Elle ne résoudra jamais ce dilemme.

Les personnages, à prime abord dessinés à gros traits, se nuancent au cours des interactions.

Du point de vue narratif, Greta raconte au "je", avec ce ton de conversation familière qui met à l'aise, comme un client de la Place. Les confidences sont parfois un peu longues, et peu exploitées par la suite, et le positionnement principal du protagoniste qui veut échapper à ses supérieurs tient à un long discours. Heureusement fort bien construit et articulé, ce qui permet à un exposé potentiellement pénible de couler avec plus d'aisance. Il demeure que le livre laisse une impression de beaucoup de discussion pour peu d'action, concentrée en quelques endroits. Quant au dénouement - trouvé où est le fameux stabilisateur permettant à la Place de demeurer dans le Néant -, il est accompli par Greta, mais semble un peu factice tout du long, un artifice ou une excuse pour permettre la confrontation entre ceux qui veulent cesser d'être des pantins et ceux qui ne veulent pas déserter.

En somme, ce livre m'a paru être un aperçu d'une histoire pouvant être plus étoffée, avec énormément de possibilités. Très court (170 pages), il a pourtant des longueurs et l'habitude de l'auteur de mettre des majuscules un peu partout (eh non, ce n'est pas moi qui aie choisi d'en mettre) est agaçante, malgré la réflexion de la protagoniste à ce sujet. Peut-être est-ce le style qui a mal vieilli, mais je comprends mal son obtention d'un Hugo. Lecture intéressante, sans plus.

 

21 oct. 2012

Lecture: "Demain les loups" de Fritz Leiber (1966)

Résumé

Ce livre réuni quatre nouvelles écrites entre 1944 et 1962 avec, pour thématique centrale, la folie de l'Homme dans un futur postapocalyptique.

Le loup solitaire: Alors que la population de la planète s'est réfugiée dans des cités souterraines par crainte d'attaques nucléaires, quelques familles d'irréductibles continues d'habiter la surface. Parmi eux, Gussy est souvent consulté par les fonctionnaires de la Recherche et du Développement, sans cesse à l'affût de nouvelles idées pour de nouvelles inventions. La dernière idée de Gussy, pour un appareil du type "agenda électronique", dégénérera en une intelligence artificielle qui soumettra les populations à la servitude en un temps record.

La paire de loups:Plus loin dans le temps, les bombes ont sauté, créant de vastes étendues de terres désertiques difficilement habitables et des méga-cités toujours en guerre. Parcourant les terres mortes, il y a des individus assoiffés de meurtre, incapables de résister à cette pulsion de destruction. Le temps d'un instant, deux d'entre eux se rencontrent et font la trêve. Un vaisseau d'une cité atterrit, ils commettent une fois de plus un meurtre, mais font la rencontrer d'un autre homme errant qui, lui, prône l'abstinence du meurtre.
Loup fou: Le protagoniste est ici le président d'une nation pan-continentale qui dirige son État par le truchement d'une série de rapports et de documents. Cependant, il en vient à soupçonner que tous ses subalternes sont atteints d'une ou l'autre maladie mentale, ce qui affecteraient négativement le fonctionnement du gouvernement.
La horde des loups:  Le monde a trouvé un certain équilibre, qui se perpétue uniquement par le sacrifice d'une portion de la population lorsque la tension interne devient trop élevée, par le biais d'une guerre fictive. Une société secrète, la Ligue de la Raison, essaye depuis longtemps de reprendre le contrôle sur cette structure absurde. Infiltrée à tous les échelons, ces rebelles tenteront le tout pour le tout, préférant le chaos total à cette organisation.

Commentaire
 Les quatre histoires sont clairement indépendantes, mais elles sont reliées dans le livre par le biais d'une introduction de l'auteur. Ce procédé ne suffit pas et, au contraire, crée une certaine confusion, car on s'attend alors à plus d'éléments récurrents d'une histoire à l'autre. La mise en contexte cite des éléments qui, en réalité, ne sont pas apparents dans l'histoire. L'absence des introductions aurait simplement laissé le lecteur apprécié chaque histoire indépendamment, les titres et la thématique de la folie suffisant à créé une unité pour le recueil. Aussi, l'auteur utilise régulièrement de grand terme avec lettres majuscules, une manie un peu irritante.

En ce qui a trait aux nouvelles elles-mêmes, les protagonistes sont souvent très bavards, ce qui n'est pas toujours adéquat. Cela convient parfaitement à la troisième histoire, selon moi la plus réussie, de par son propos et sa longueur.
Ensuite, la première histoire est aussi bien réussie malgré un épisode plus flottant, mais c'est cohérent avec l'état d'esprit du personnage. La thématique est très contemporaine avec ces agendas qui dictent l'existence des êtres humains. Le protagoniste réussit à sauver l'humanité en usant de manipulation et en poussant la réflexion de ces machines. C'est original car il n'y a pas de désir d'éliminer l'autre, juste de le faire partir pour que les deux clans puissent vivre et se développer sans nuire à l'autre.
La deuxième nouvelle contient un dialogue intérieur fort du protagoniste, mais le mélange avec l'action est cahoteux. Tout ce qui concerne ces villes qui se font la guerre, le fonctionnement du véhicule, laisse perplexe. Le voyage est à la limite inutile et ils auraient tous pu demeurer dans ce désert où ils sont retournés, c'eut été moins frustrant.
Finalement la quatrième histoire a un propos intéressant, plein de retournements qui nous rendent le protagoniste pas très sympathique et qui s'étire. De plus, on ne comprend jamais totalement la nature de cette guerre fictive. Les appelés meurent-ils vraiment? Comment? La scène finale frôle l'onirisme, qui n'avait pas été abordé jusque là. Au moins, cette histoire tente-t-elle d'inclure un peu des trois autres.

Il s'agit donc d'un recueil aux composantes inégales. Deux d'entre elles sont très bien, les deux autres sont plutôt moyennes et insatisfaisantes.
À lire à 75%


12 oct. 2012

Tribbles dans le métro

Non, vous n'avez pas mal lu.

J'en ai vu un. Un tribble. Dans un wagon, sur la ligne orange. Il était là, par terre, immobile, comme un pompon de tuque. Je l'ai reconnu malgré sa tentative de déguisement. Un moment, j'ai douté, j'avoue, mais je ne me suis pas laissée prendre au jeu. J'ai voulu prendre une photo, mais le métro était rendu à la station suivante, les gens sont embarqués, se plaçant entre moi et le tribble ignoré de tous.

Je crois que je viens de découvrir l'origine des nombreuses pannes du métro de Montréal.
Nous sommes dans le pétrin!!!

4 oct. 2012

SF: amusante / vraisemblable / sérieuse?

Les derniers romans de SF que j'ai lus ces derniers temps m'ont souvent laissé la même impression: les idées sont intéressantes et les textes font réfléchir tout en me laissant un arrière-pensée de déprime quant au futur de l'humanité. Et je m'amuse très peu. En fait, je m'amuse de façon très cérébrale, mais je ne suis "prise" dans l'histoire, je ne me sens pas complètement embarquée, ni happée par les personnages. Je ne m'ennuie pas, mais je ne m'amuse pas non plus. L'aspect émotionnel est coupé.

Est-ce parce que je lis un type de SF plus hard? Plus sérieuse? Avec Stross, Leiber, Aldiss? Peut-être.
La SF peut-elle à la fois être cérébrale et amusante? J'espère!

D'ailleurs, j'ai lu dernièrement sur io9 un article sur comment écrire une SF sans moyens de transport supra-luminique. Tout ça au nom de la crédibilité scientifique. L'article est bien, mais ce sont les interventions des lecteurs, plus bas, qui m'ont intriguée. Une trop grande adéquation entre SF et science actuelle banalise-t-elle cette première, lui enlève-t-elle sa part d'imaginaire? À partir du moment où l'univers est cohérent en lui-même, sa cohérence avec notre monde est-elle si primordiale, sa vraisemblance un critère essentiel?

J'imagine que les réponses dépendent du type de lecteur que vous êtes, mais je pense qu'on doit se poser la question, ne serait-ce que pour comprendre ce qui est important, pour nous, dans une histoire.

15 sept. 2012

Lecture: "Accelerando" de Charles Stross

Résumé
Accelerando, c'est l'histoire d'une famille qui, en l'espace de trois générations, participera au passage d'un monde pré-singularité à un monde post-singularité.

Dans les premières décennies du vingt-et-unième siècle, Manfred est un entrepreneur hors du commun. Outillé des dernières technologies qui lui permettent d'être toujours en avance sur tout le monde, divisé en un être de chair et des copies de son esprit qui naviguent sur internet, il génère des idées dont il fait profiter les autres, au grand désespoir de son ex-copine, agente du fisc. Virtuose dans la manipulation des lois - surtout des lois financières - et des marchés, il oeuvre dans le droit des êtres téléversés, la transformation de toute matière en computronium (élément nanotechnologique "pensant" et transformable) et l'émergence d'une humanité différente.

Quelques décennies plus tard, sa fille Amber, émancipée de force, s'exile en orbite de Jupiter, où elle établit son propre royaume indépendant qui servira de point de départ d'une expédition intersidérale partie à la recherche de la source d'un message extra-terrestre. Son corps physique demeurera en orbite alors qu'une copie partira, téléchargée dans un "vaisseau" de la taille d'une canette. Deux Amber existeront alors, comme bien d'autres, dont l'une dans un univers uniquement virtuel dont l'aspect naturel n'aura pour fonction que de préserver sa santé mentale et celle de ses camarades.

Finalement, le fils d'Amber de Jupiter, Sirhan, tentera tant bien que mal de survivre dans un système solaire où les humains de chair sont de moins en moins inclus, toute la matière se transformant en computronium. De retour de son expédition, Amber-virtuelle rapportera une vision de ce qui les attend, de l'aboutissement de cette vie post-singularité.

Et n'oublions pas le chat cybernétique familial et les homards explorateurs spatiaux!

Commentaire
 Accelerando résulte de la fusion de neuf nouvelles - trois par époque - publiée d'abord séparément dans Asimov's Science-Fiction Magazine.
L'amalgame est enthousiasmant dans la première et la seconde partie. Manfred, avec son cerveau hyperactif, est le guide parfait dans ce monde où foisonnent les nouvelles idées et leur développement. Sympathique rebelle, il aide à faire passer les concepts pas toujours évidents à comprendre, surtout les extrapolations sur le système financier et son aspect légal. En seconde partie,les mésaventures d'Amber nous replongent plutôt dans l'adolescence, mais ici, c'est tout l'imaginaire de l'auteur et la quête vers les extra-terrestres qui gardent l'intérêt. Manfred, sans faire d'apparition, fait sentir sa présence.
En troisième partie, ça se gâte. Une ambiance de désenchantement et de déception ainsi qu'un personnage principal - Sirhan - qui n'attire pas la sympathie rendent le tout lourd. Encore une fois, les idées sont au rendez-vous, plus glauques et pessimistes pour une espèce humaine obsolète dans son propre système solaire. Au terme de l'histoire, on voudrait être parti avec cette seconde expédition vers un signal extra-terrestre, plutôt que d'être resté avec Sirhan. Même le retour de Manfred n'y change rien, sans compter une révélation de Deux ex Machina plus amère que révélatrice.
Aussi, tout au long du roman, il y a ces interventions d'un narrateur omniscient qui servent à nous situer dans le temps, à décrire le moment actuel quand il y a eu un bon dans le temps. Généralement assez neutres, il  y en a quelques unes, vers la fin, où un mépris ou un je-m'en-foutisme transparaît. On a l'impression que l'auteur en a marre. Je suspecte de plus en plus que ces interventions proviennent du chat-robot.

En résumé:
En positif, un roman qui déborde d'idées et d'extrapolations originales, deux personnages sur trois sympathiques, un rythme très rapide et des éléments récurrents qui solidifient la cohérence de l'histoire. 
En négatif, en fait, la troisième partie, vraiment. Je pourrais ajouter le computronium, ce truc jamais expliqué, ni sur sa nature réelle ou sa création, mais disons que ce fut mon acte de foi.

Recommandé!

26 août 2012

Parce qu'ici, on parle aussi de thé

J'ai reçu du thé en cadeau il y a quelques (yé!), mais je me suis retrouvée face à un mystère.

Il y avait un Pu Erh qu'il fallait rincer. Incertaine, j'ai laissé cette variété dans le petit coffret, jusqu'à ce que j'aie utilisé toutes les autres. Bon, il fallait bien profiter du cadeau dans son intégralité, alors je me suis lancée: j'ai passé mon thé sous l'eau froide du robinet. Succès mitigé.

Je me suis procurée un livre - via la bibliothèque -, mais le mystère du rinçage n'y était pas éclairci. Finalement, j'ai fait une recherche internet (oui, je sais, plusieurs diront: "T'aurais dû commencer par là", mais j'aime parfois découvrir à l'ancienne, soit par essai-erreur, puis par une bonne vieille recherche dans un bouquin... dans lequel tu trouves finalement plein d'autres infos).

Je suis tombée sur le blog de la boutique Camellia Sinensis - d'où venait d'ailleurs le fameux coffret cadeau. Et j'ai enfin eu mon explication!

Alors je voulais partager cette petite découverte que cette splendide boutique spécialisée diffuse de l'information nette, pertinente et enrichissante sur leur blog.

Je devrais ouvrir une boutique sur un satellite, Titan par exemple...


12 août 2012

Hauts et bas de la discipline d'écrire

À mon retour de vacances, j'étais pleine de motivation pour écrire.
Le retour au quotidien a un peu dégonflé mon enthousiasme et je dois avouer un de mes grands défauts: il m'est plus facile de ne pas écrire que d'écrire. Je suis une peureuse, une lopette de la plus grande espèce. Les idées ne me manquent pas, mais j'ai peur de les suivre, de jusqu'où elles pourraient m'emmener. Imaginez si elles me guidaient dans un cul-de-sac! Tout ce temps perdu (ici, on pourrait argumenter que le temps passé sur un texte qu'on ne publiera pas n'est pas automatiquement perdu: on travailler notre écriture, notre vocabulaire, notre sens de la structure, de la narration, on a aiguisé notre auto-critique...). L'ironie dans tout cela c'est que, avec tout ce temps passé à ne pas écrire par peur de perdre du temps ou de me faire avoir par une histoire, j'aurais sûrement réussi à écrire des textes publiables de temps à autre!

À vous dont je vois les publications et les textes achevés défiler, je vous admire (et vous envie, quand même un peu).

Je dois dire, à ma défense, que dans mon combat perpétuel, je gagne de plus en plus souvent. J'ai écrit beaucoup plus cette année que lors de n'importe quelle année précédente (et j'ai un bébé d'un an!). Le défi, désormais, est de ne pas pleurer sur ces années perdues, de ne pas jalouser stérilement ces auteurs plus jeunes qui ont déjà une feuille de route plus importante que la mienne. Je dois accepter mon rythme personnel d'écriture.

Et me donner un bon coup de fouet de temps à autre, non mais, ça va faire la procrastination aux milles excuses.

Bon, va pour le billet introspectif, j'espère ne pas m'être trop apitoyée sur mon sort parce que ça non plus, ça n'aide pas.

4 août 2012

Lecture: "The Left Hand of Darkness" de Ursula K. LeGuin

J'ai acheté The Left Hand of Darkness à Anticipation 2009. J'en avais tant entendu parler, il était sur toutes les listes de suggestions.
Enfin, je l'ai lu.
Pour me rendre compte que, tout ce que j'en savais, c'est que l'histoire se déroulait sur une planète où les humains changeaient de sexe. C'est un point important, central, mais l'histoire s'est révélée être beaucoup plus riche que cela.

Résumé
Genly Ai a été envoyé sur Gethen - surnommée Hiver par les siens - comme émissaire unique du regroupement des mondes connus (une sorte de fédération sans grand pouvoir d'autorité ayant pour but de réunir les descendants d'un peuple fondateur commun, humanoïde). Arrivé depuis déjà deux ans, Genly est sur le point d'obtenir enfin une audience avec le roi de Karhide, la patrie où il s'est établi, quand son principal allié est démis de ses fonctions et condamné à l'exile pour trahison. Las de l'indifférence du roi à son égard, il part vers la contrée voisine, qui entretient des relations tendues avec Karhide. Là, il sera utilisé, puis emprisonné pour enfin être libéré par nul autre que son ancien allié, Estraven, avec qui il entreprendra la traversée quasi-suicidaire du territoire le plus nordique afin de rentrer en Karhide. À travers ces épreuves, Genly tentera de mieux comprendre les notions de shifgrethor - ce principe qui semble s'apparenter à l'honneur et qui régit les relations interpersonnelles en les alourdissant - ainsi que les impacts de la sexualité particulière des gens de Gethen. Car sur cette planète, les habitants ne sont pas sexués, sauf en des moments précis. Alors, ils peuvent être mâle ou femelle, le sexe pouvant varier d'une fois à l'autre.

Commentaires
Je m'attendais à des manigances politiques. Je ne m'attendais pas à cette histoire, à cette traversée du désert de glace servant de lieu de rencontre entre deux solitudes. Je ne m'attendais pas à ces insertions de légendes qui approfondissent la culture, les moeurs de l'Autre en général, mais aussi, au fil de l'histoire, l'autre en particulier, Estraven.
Bien qu'au début, l'habitude du personnage principal de classer les comportements en 'féminins' et 'masculins' m'ait agacée, on comprend peu à peu qu'il s'agit plus d'un indice de la perte de ses repères.
L'opposition entre les deux grands gouvernements de la planète semble de prime abord caricaturale, mais LeGuin, comme dans tout le roman, affine graduellement les grands traits, tout comme nous nuançons nos préjugés au fur et à mesure de notre rencontre avec l'autre. Genly lui-même, au début très axé sur sa mission et ses ambitions, s'humanise graduellement.
La notion de shifgrethor demeure trouble dans mon esprit, mais je crois que c'est voulu, c'est la part insaisissable.
Cette histoire somme toute assez brutale de trahison, d'exile, d'emprisonnement et d'évasion, est racontée avec douceur et simplicité, dans une langue à la fois précise et directe, poétique et introspective.
Ma seule nuance restera l'entrée tardive de la "voix" d'Estraven. Nous comprenons à la fin le pourquoi de cette arrivée tardive dans le récit qui est une sorte de rapport fourni aux supérieurs de Genly, mais son apparition me sembla brutale.

J'ai été emportée. Je ne sais par quoi, ni comment. Je suis embarquée dans l'histoire et me suis laissée menée par son flot, bercée par le bruit de son eau.
J'aime rarement les oeuvres trop poétiques. Celle-ci me laisse cette impression, bien que je sache que l'histoire n'a jamais quitté le concret et que la langue n'a jamais été fleurie et brodée.
Étrange.
C'est un bon sentiment, ça, l'étrange.
C'est pour ça qu'on lit de la SF, non?



28 juil. 2012

Retour de vacances

Je ne suis pas assez assidue pour que vous l'ayez remarqué, mais je suis partie près de deux semaines en vacances.
5 jours chez mes parents, à profiter de la piscine, à aller au seul spectacle du Festival d'Été à être annulé pour cause d'orages (et quels orages!!!), à voir ma soeur, ma nièce, mon neveu, ma cousine... Pas les amis par contre. Je ne suis pas très bonne pour garder contact avec les gens et suis toujours gênée de refaire les liens. Et plus le temps passe, plus c'est ardu.

Ensuite: la Mauricie!!! 10 jours dans ce coin de pays par lequel on passe si souvent entre Montréal et Québec, mais où on ne s'arrête jamais. Voilà, l'arrêt a été fait, à Notre-Dame-du-Mont-Carmel.
Donc: visite de Trois-Rivière et de sa vieille prison (que mon père a déjà visitée alors qu'elle était encore en fonction, ai-je appris quelques jours plus tard), du manège militaire, de la promenade le long du fleuve; cueillette de framboises - miam!; défilé du Noël du campeur et transformation de Julien en tigre; ballade à Grand-Piles pour le Musée du bûcheron avec cette citation: "un peuple qui ne savait ni lire ni écrire, mais qui pouvait tout faire" (j'ai lu la nouvelle "Des dieux pure laine" de Luc Dagenais quelques jours plus tard, j'étais dans l'ambiance pas à peu près); visite de Shawinigan en plein préparatifs des Jeux du Québec avec mes parents (non, je ne suis pas allée voir le spectacle Amos Daragon); péripéties à St-Marc-du-Parc à la recherche du Musée de la Faune - jamais trouvé d'ailleurs -....

Bref, j'ai fait le plein d'images, d'anecdotes (dans un camping, tu ne t'attends pas à être une des rares tentes et, en plus, de te sentir cheap dans ta tente immense parce que tous tes voisins ont des chevaux!!!), d'idées.

Défi: trouver le temps, la discipline et le coup de fouet pour mettre tout ça sur papier.

Car si Geneviève Boivin trouve que Philippe-Aubert a besoin de pression parce qu'il écrit très lentement, moi, je suis l'escargot sur le valium à côté de cette tortue!

30 juin 2012

Nouvelle terminée!!!

Voilà! J'ai enfin fini une histoire.
Bon, il s'agit d'une nouvelle que j'avais déjà soumise pour publication, mais qui avait été rejetée.

Je n'ai pas l'impression d'avoir modifié beaucoup d'éléments, mais je crois que l'histoire se lit mieux - j'espère. Le gros hic, c'est qu'on m'avait suggéré de modifier le type de narrateur (de narrateur aligné à narrateur omniscient). Je n'ai jamais été capable de faire la conversion.

Est-ce parce que le narrateur aligné est plus naturel pour moi, ou encore que je suis endoctrinée à sa pratique mur-à-mur?

J'ai toujours l'impression que le narrateur aligné est la meilleure option. Ça sent l'automatisme, la recette. Ça m'embête.

M'enfin, je ferai lire ladite histoire avant de la soumettre. J'ai enlevé les explications techniques pour laisser un flou sur certains éléments, adoptant plus l'atmosphère du conte que de la nouvelle de science-fiction à laquelle je m'adonne généralement.


Vous avez des soucis de narrateur vous? Autre que: "Là, on sent qu'on n'est plus aligné." ???

20 juin 2012

Ray Bradbury

Je suis un peu en retard sur ce sujet, mais voici les deux choses que je retiens de Ray Bradbury.

Mon premier souvenir est de la série télé Ray Bradbury présente. Je ne me souviens pas trop des épisodes, mais la présentation m'a marquée. La caméra se faufilait dans le bureau de l'auteur, s'arrêtant pour fixer quelques objets insolites éparpillés dans cette pièce qui tenait à la fois de la bibliothèque et du marché aux puces. Il disait alors que n'importe quoi pouvait susciter une histoire chez lui. Quand je prends des photos bizarres ou que je m'obstine à garder (ou à acheter) une bébelle inutile, ça vient de là. Parce que l'image ou l'objet insolite pourrait générer une idée, une histoire. Je travaille d'ailleurs sur une histoire qui m'est venue alors que j'avais décidé de concentrer mon attention sur un masque en bois ramené du Brésil par ma grande soeur.

Mon deuxième souvenir vient du seul livre que j'ai lu de Bradbury: Fahrenheit 451. Le classique quoi! Je ne suis pas une personne qui relit un livre. Je commence à m'y mettre car j'ai découvert que ma mémoire défaille et que je n'ai pas non plus le même regard sur les choses. Donc certaines histoires pourraient bénéficier d'une relecture (dont  la saga de Dune, lue quand j'avais 15-16 ans; ou Ténébreuse, lue il y a si longtemps, mais jamais terminée...). Par contre, aussitôt avais-je terminé Fahrenheit 451 que j'ai su que je devais garder ce livre, que le relire serait essentiel. Ironiquement, je ne me souviens plus si je l'ai relu, je ne crois pas car le livre s'est perdu dans un de mes nombreux déménagements des cinq dernières années.
 

7 juin 2012

Lire en anglais

Ou: privilégier la version originale ou la rapidité/meilleure compréhension de lecture.

Je m'explique. J'ai un bon anglais, bien fonctionnel et tout, mais je lis l'anglais, surtout la science-fiction, assez lentement. Et je ne saisis pas toujours tout. Je déduis le sens de certains mots, mais ma compréhension n'est alors qu'approximative.

J'ai commencé à lire l'anglais au secondaire, car à ce moment, je découvrais Star Trek et les livres, je ne les trouvais qu'en anglais. Le reste, je le lisais en français, grâce à la bibliothèque. Plus tard, au début de l'université, un de mes amis m'a passé ses livres - en anglais - et m'a initié au Chapters. Oui, un roadtrip Québec-Montréal juste pour acheter des livres.

À ce moment-là, je me disais que, comme ça, j'avais accès à plus de livres qu'en français. Par après, dans un Congrès Boréal, j'ai assisté à une table ronde où, même si ce n'était pas le sujet, il fut question du "français international" utilisé en traduction, celui compris par tous, mais utilisé par personne dont c'est la langue maternelle. Je me suis alors dit que, lire des traductions, c'était mal.

En ce moment, je me trouve face à un dilemme. Je n'ai plus beaucoup de temps pour lire et, comme dit précédemment, je lis l'anglais lentement. En plus de ne pas toujours tout comprendre parfaitement. Mais puis-je me fier aux traductions? Y perd-on le style de l'auteur? Comment juger?


Vous lisez dans quelle(s) langue(s), vous?

5 juin 2012

Expérience sur un jury: lecture, découvertes et décision

Pour suivre mon billet précédent, voici ce qui m'a trotté dans la tête pendant ces trois à quatre semaines de lecture des quelques trente textes et plus participants au Prix Solaris 2012.

En vrac (à mettre dans un sac de plastique et à peser):

La première page d'un texte révèle beaucoup. J'ai lu les deux-trois premières pages de chaque texte pour une première sélection et déjà, j'ai remarqué les textes dont la qualité de l'écriture n'était pas suffisante ou encore dont l'histoire semblait - déjà! - pêle-mêle. En cas de doute, j'ai conservé les textes.
Certains textes m'ont surprise, d'autres m'ont déçue à l'arrivée (ou au milieu!). Il y a aussi des textes que j'avais conservés par simple curiosité vis-à-vis de l'idée.

L'imagination des gens est sans borne! Avant, je jalousais les bonnes idées des autres (comme bien d'autres choses), mais j'ai fini par comprendre qu'on écrit chacun selon notre voix/voie. Maintenant, je suis simplement émerveillée par cette capacité.

Le jugement d'un texte demeure un exercice hautement subjectif. Malgré qu'on essaie de se baser sur les critères les plus subjectifs possibles, tout comme dans l'écriture, nous jugeons avec ce que nous sommes. Donc il y a des choses qui ne passent pas chez moi, mais qui sont acceptées/appréciées par d'autres. Quand j'ai vu la liste des textes mis en ordre par une de mes collègues du jury, j'ai d'abord douté de mon jugement, mais quand j'ai vu la seconde liste, j'ai compris. Parfois j'avais jugé comme l'une, parfois comme l'autre, parfois j'étais seule dans mon choix. Comme quoi il n'y a pas qu'une vérité.

C'est une constatation à la fois réconfortante et terrifiante.
Réconfortante parce que ça nous donne l'espace d'être nous-mêmes, de nous faire confiance.
Terrifiante parce que, en tant qu'anxieuse incurable, j'aime l'encadrement, ça me rassure, je veux des fondations stables.

Bon, et si je penchais du côté positif pour une fois?

PS: pour la décision, j'ai quand même concocté sur le vif un petit texte de présentation alimenté par les remarques de Francine. L'art d'être concis. Je devrais prendre exemple là-dessus pour mes critiques.


25 mai 2012

Expérience sur un jury: la convocation.

À l'occasion du concours Solaris 2012, j'ai été sollicitée pour faire partie du trio de jurys, aux côtés de Francine Pelletier et Élisabeth Vonarburg.

J'ai d'abord été très honorée de l'offre. Ce n'est pas comme si j'avais une feuille de route longue comme le bras ou une réputation de critique hors pair!
Ensuite, j'ai un peu stressé. Bon, ok, de ma part, ce n'est pas très étonnant. Pourquoi le stress? Parce que je ne me considère pas comme une personne ayant des opinions bien établies ou comme ayant une quelconque expertise. Trêve d'autoapitoiement, j'ai quand même l'expérience des ateliers, je lis beaucoup et, ça c'est ce qui leur a fait pensé à moi, j'ai déjà gagné ledit concours.

J'ai aussi hésité à cause du temps impliqué. Je ne lis plus aussi vite qu'avant, j'en suis encore à mes débuts dans mon nouvel emploi, j'ai un petit de pas encore un an... Là-dessus, les conseils de Joël Champetier m'ont aidé à bien gérer mes lectures et à bien prendre ma décision.

Ce que je n'ai pas regretté.

À suivre.

10 mai 2012

De retour de Congrès

C'est fou, quand on y pense, je n'y étais allé qu'une seule fois, il y a 4 ans. Depuis, je ratais toujours Boréal.

Si, la première fois, j'étais très timide et ne connaissais personne, ce coup-ci - toujours timide - j'ai été saluée par beaucoup de gens. Oui, toujours timide, car, chers Boréaliens, je ne vous vois pas souvent et je n'ai pas la conversation facile. Je suis comme ça, un peu mal à l'aise et ne sachant pas par quel bout commencer. Surtout avec les "vedettes" et grands du domaine. J'suis gênée de leur parler, car je ne veux pas leur paraître prétentieuse ou déplacée de leur parler de mes projets, de mes soucis d'écriture.
Je sais, les réponses pourraient être enrichissantes. Un jour, j'y arriverai.

Le plus drôle, ce fut la réunion de secondaire impromptue! Avec un membre à la mémoire défaillante. héhé.

J'y allais, oui pour les panels (même si, au premier coup d'oeil que j'avais jeté au programme, je ne me sentais pas beaucoup interpellée... ce qui s'est drastiquement transformé en de multiples dilemmes le jour venu), mais surtout pour un bain de Boréal. Vous savez, cette ambiance conviviale, cette atmosphère qui transpire l'écriture et le fantastique.

Pour tous, il s'agit d'un moment ressourçant. Non, je n'ai pas écrit à Boréal, mais je sais que ça m'a donné le petit coup de fouet printanier pour repartir.

J'ai hésité à me proposer pour animer/participer à un panel, mais je pense que je pourrai le faire l'an prochain. J'ai tout de même eu mon petit moment derrière le micro pour la remise du prix Solaris.
Encore bravo à Jean-Louis Trudel pour son texte magnifique!


5 mai 2012

Boréal!!!

C'est Boréal en fin de semaine!

Je peux enfin y retourner pour le congrès  - presque - complet. Je n'y suis allée qu'une fois, pendant ma première année à Montréal. L'année suivante, c'était Anticipation, puis après, les changements de boulots et grossesse ont rendu difficile ma présence (parce que les fins de semaine, quand on travail du jeudi au lundi, c'était pas facile à avoir).

J'ai hâte, en même temps que je sens m'être éloignée, avoir pris du retard sur ce que j'espérais devenir, lors de cette première présence. Procrastrinatrice dont la paresse trahit une angoisse paralysante, je jalouse honteusement la progression de mes collègues. Pourtant, quand on y repense, je ne crois pas avoir autant écrit que cette année. Sur un projet à long terme par contre, alors je ne publie pas tant que ça. J'en ai déjà glissé un mot en fin de mois de mars.

Je vous promets un retour sur cette fin de semaine et une explication sur mon silence des dernières semaines (ok, je ne suis pas encore très régulière dans mes chroniques, mais j'y travaille).

À tantôt, pour ceux qui y seront, à lundi, pour les autres!

20 avr. 2012

L'art d'être concis

À la fin du mois dernier, j'ai mentionné me distraire de mes rédactions à long terme avec un texte qui, pour répondre aux demandes éditoriales, ne doit pas dépasser 300 mots.

J'ai fait plusieurs essais avortés, puis j'ai terminé un premier jet. 517 mots.

La fin de semaine suivante, partie chez mes parents sans ordinateur, donc sans ledit premier jet, je recommence l'expérience. Bon, là, j'ai écrit à la main, c'est un peu plus tannant à compter.
Au milieu de la joyeuse famille, le commentaire se répète: "300 mots, c'est court, ça se fait bien."

FAUX.

C'est frustrant, 300 mots. Je brandis le poing vers le ciel en maudissant l'idée (ok, j'exagère, j'adore le défi). Il faut, dans ce texte lilliputien, respecter la thématique (le terroir québécois) et le genre (horreur-fantastique-bizarro), en plus d'écrire une histoire complète. Pas un embryon d'histoire, pas un script, pas un plan.

C'est frustrant, parce que toutes ces belles phrases sont trop fleuries. Il faut faire économie de nos mots, aller au plus direct. Sans être une grande brodeuse, j'aime bien mettre de la chair. Peut-être ai-je choisi la mauvaise histoire. Son destin est peut-être d'être plus développée. Ça aussi, ça agace, l'impression de ne pas rendre justice à cette histoire qui pourrait prendre un peu plus de place, se développer un peu plus.

Bon, j'y retourne en fin de semaine, les heures jusqu'à la date de tombée s'égrainent.

25 mars 2012

Diversion

Prise dans la rédaction de mon roman-jadis-nouvelle-de-vingt-pages, je regarde avec envie les annonces de collègues écrivains qui continuent de publier. Disons qu'à coup de même pas 1000 mots par semaine par les temps qui courent, j'avance à pas de tortue.

Alors en fin de semaine, je délaisse le travail de longue haleine! Je me laisse distraire et happer par des écritures plus courtes dans l'espoir d'aboutir à une publication cette année. Ça aidera la motivation à long terme et ça laissera mon cerveau respirer un peu. Cependant, je ne veux pas vraiment mettre en veilleuse LE projet. Juste le temps d'une fin de semaine, de temps à autre.

Pourrais-je mener deux histoires de front? Accompagner la longue de plus petites? Je ne sais pas. Je crains aussi de trop diluer mes efforts et le temps déjà restreint que je peux accorder à l'écriture.

Pour le moment, je relève le défi d'une micro-nouvelle. 300 mots, c'est rien!!! Ha! Je vous en redonne des nouvelles.

21 mars 2012

Lecture: "A Princess of Mars" de Edgar Rice Burroughs

Soyons à la page pour une fois!
Avec la sortie de John Carter, allons-y avec le premier livre de la série dont le film est tiré. Un bouquin sorti en 1917, en pleine ère des pulps.
Un véritable voyage dans le temps, version littéraire.

Résumé
John Carter est un ancien soldat confédéré qui, après la guerre civile, part faire fortune en Arizona avec un camarade de l'armée, où ils trouvent une mine d'or. Après un affrontement avec les Apaches, Carter se réfugie dans une grotte pour dépérir jusqu'à ce son esprit quitte son corps.
À son réveil, il se retrouve sur Mars.
Explorant les environs, il fait d'abord la rencontre des Martiens verts, ces géants à six bras et aux visages armés de défenses. On lui assigne une femme ainsi qu'une bête pour le garder et prendre soin de lui. Cette femme martienne se distingue des siens par une démonstration de sentiments d'affection et de compassion, les Martiens verts exhibant des comportements valorisant la violence. Alors que le groupe qui le tient prisonnier s'apprête à lever le camp pour un rassemblement des tribus, une flotte passe dans le ciel et ils l'attaquent, faisant du même coup une prisonnière: Dejah Thoris, une princesse parmi les Martiens rouges.
Similaire aux Terriens, si ce n'est par sa couleur de peau, elle acquiert rapidement le dévouement de John Carter, qui fera tout pour la rendre saine et sauve aux siens.

Critique
De prime abord, il faut accueillir ce livre pour ce qu'il est: un roman d'aventures qui vise le divertissement. Point.

L'histoire est menée de péripétie en péripétie alors que le personnage principal est concentré sur sa survie, puis sur le sauvetage de la princesse d'Hélium. Dans ses errances et explorations du territoire martien, il fait de nombreuses rencontres dont la pertinence n'est pas toujours évidente, et dont la survenue peut paraître soit miraculeuse, soit très arrangée.

John Carter, déjà un Terrien exceptionnel car il ne vieillit pas (ce point n'apporte pourtant pas de profondeur au personnage), demeure pragmatique, héros stoïque comme on n'en fait plus. Dès qu'il comprend qu'il est sur Mars, il se concentre sur sa survie, sans accorder une pensée à un éventuel retour sur Terre  avant de rencontrer Dejah Thoris. Il accepte sa situation, cette fatalité.
C'est aussi un personnage qui tranche avec les héros actuels, aux prises avec une conscience. Il n'a aucun remords à tuer et mépriser les Martiens verts, au physique très étranger, mais faire du mal à un Martien rouge, dont l'apparence est très similaire à celle des humains, lui est moins acceptable. Pourtant, il n'hésite pas à s'allier aux premiers pour détruire une ville des seconds dans le seul but de sauver la princesse.

En lien avec cette alliance, il y a cette influence qu'exerce Carter sur les Martiens, verts et rouges. Oui, son habitude d'une gravité plus élevée lui permet des prouesses impressionnantes, mais il demeure étonnant de constater à quel point les uns comme les autres le croient: aucun scepticisme face à son histoire. Son ascendant sur les décisions est aussi impressionnant et difficile à comprendre. Qu'il convainc Tars Tarkas, un Martien vert atypique, c'est une chose, mais que le reste du clan suive sans protestation des actions si contraire aux usages, influencées par un petit humain ressemblant beaucoup à leurs ennemis, c'est gros. Ce type de facilité trahit un auteur qui aplanit les difficultés et qui se fait aussi sentir, dans la dernière section, lorsque Carter fait montre d'habiletés et de connaissances dont le lecteur apprend l'acquisition seulement au moment où leur utilisation devient nécessaire.

Ce roman est truffé de raccourcis et de personnages unidimensionnels, mais il se lit TELLEMENT vite! Un vrai divertissement. De plus, par une sorte d'effet involontaire de son archaïsme, il fait réfléchir le lecteur sur tous ces lieux communs de l'époque, tous ces comportements jadis acceptables, sur cette absence de nuances, de gris, qui a fait le grandiose de l'époque. Sans oublier cette perception si erronée de Mars, mais basée sur les avis scientifiques de ce début de 20ème siècle.

À lire. Pour le divertissement rafraîchissant qui, pourtant, date d'un siècle!

Lu: Décembre 2011  

16 févr. 2012

Intimité vs Curiosité

Je suis une commère. Si, si!
Dès que j'aperçois quelqu'un en train de lire sur la place publique (comprendre ici: dans le métro ou sur le quai du métro), j'essaye de découvrir le titre de l'ouvrage avec le plus de subtilité possible. J'ai peu de succès, trop gênée pour faire faire des méandres à mon cou ou pour parer les remous de la rail de métro. Néanmoins, je persiste. Pourquoi ce comportement? Simple curiosité? En fait, je cherche à la fois des suggestions de lecture et un certain réconfort.

Voyez-vous, je suis insécure. Même dans mes lectures, je doute. De mes choix, de mes goûts. Je crains le regard des autres. Pendant longtemps, quand j'invitais une personne pour la première fois à la maison, je présentais ma bibliothèque de loin, puis je passais aussitôt à autre chose, pour que l'invité(e) n'ait pas le temps de lire les titres qui habitaient les tablettes. 

Donc, quand je remarque un titre dans le métro, je peux me dire:«Bon, je ne suis pas seule à lire ce truc.» ou encore: «Si on peut lire du Danielle Steel publiquement sans éprouver la moindre honte, je devrais pouvoir lire mon livre sans m'inquiéter du regard des autres.»

Cependant, depuis Noël, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais cette activité de commérage est plus difficile. L'obstacle: la liseuse!
Je vous arrête: je n'ai rien contre, j'en possède une et si, les premiers temps, je rougissais de la sortir en plein transport en commun, ça m'a vite passé. Mes lectures se faisaient maintenant sous le couvert de l'anonymat, la liseuse offrant la même couverture imperturbable que je me plonge dans les lectures coupables des Dresden Files ou que je me lance dans le classique Le Rouge et le Noir.

L'inconvénient, vous le devinez, est que cette protection de ma vie privée de lectrice insécure est aussi offerte à ces autres lecteurs du transport en commun. Finie cette chasse aux titres, terminé cet étonnement d'avoir aperçu dix fois le même titre en moins de trois jours.

Je vais devoir m'y faire et faire un peu plus confiance à mon jugement personnel. Peut-être cela m'évitera-t-il de croire que je dois lire certains titres juste parce qu'ils croisent régulièrement ma route. En même temps, quelle vitrine perdue pour les auteurs! La couverture de livre, qui peut être si souvent une oeuvre en soi, comme l'a été la pochette de disque, deviendra-t-elle optionnelle, perdra-t-elle de son influence sur la vente?

Avouez que vous avez déjà acheté un livre pour sa couverture ;)