24 août 2011

Lecture: Jonathan Strange & Mr Norrell

Voilà, ma première lecture partagée avec vous.

Résumé

Au début du 19ème siècle, alors que l’Angleterre est en guerre contre Napoléon, la magie n’est plus qu’un sujet dont on étudie l’histoire. Plus personne ne la pratique. Du moins, jusqu’à ce qu’un vieil érudit reclus dans sa bibliothèque, Mr Norrell, clame ne pas être uniquement un théoricien. Après avoir démontré une première fois la véracité de ses dires, il décide de redorer le blason de la magie anglaise, entre autres en offrant ses services au Parlement anglais dans sa lutte contre les armées napoléoniennes. Peu de temps après, un jeune homme, Jonathan Strange, décide de devenir magicien après une étrange rencontre. Il deviendra l’élève de Norrell, qui exerce un contrôle et une censure sur toute la connaissance en magie. Strange se détachera peu à peu de son maître jusqu’à se placer en opposition de sa dictature sur la profession, s’intéressant aux domaines de la magie à propos desquels Norrell refuse de porter une quelconque importance.

Critique

Ce roman, véritable pavé avec ses 1000 pages (en format poche), se lit aisément. Pourtant, l’action se déroule plutôt lentement. Le ton général relève plus de la chronique que du roman d’aventure ou de magie. Les événements, qui se déroulent au début du 19ème siècle sur une période d’une bonne dizaine d’années, sont relatés dans le style d’écriture de l’époque, avec une attention particulière portée sur le statut des gens et leurs relations. S’ajoute un sarcasme bien dosé et imagé qui se fond parfaitement dans style.

Par contre, le narrateur semble instable, parfois aligné, parfois omniscient, parfois observateur - qui s’adresse à quelques reprises au lecteur ou parle en « je ». Ces interventions, qui occurrent dans la première moitié du livre, m’ont fait décroché. De plus, il y aurait eu des façons – façons d’ailleurs utilisées dans des contextes similaires dans le livre, où le narrateur veut impliquer son lecteur qu’il assume être de son époque – d’exprimer le propos sans avoir recours à ce « je » qui brise le flot.

Les personnages sont très bien définis, avec leurs motifs, leurs défauts, leur voix unique. Chacun a son importance dans ces événements complexes dont les trames se recoupent de plus en plus. Les détails entourant l’histoire « magique » de l’Angleterre sont très fouillés, élaborés et les notes en bas de page, a priori inutiles, apportent ce surplus de chair qui donne une véracité au récit.

J’ai cependant deux réserves.

D’abord, le système magique est bien défini avec ses références à des écrits et des érudits ainsi que ses sorts. Pour obtenir un certain effet, les protagonistes peuvent même choisir entre les sorts de différents magiciens, les mélanger, comme on mélange les méthodes, les théories, les recettes. Par contre, certains éléments théoriques n’arrivent qu’à la fin, sans autre référence préalable, alors que ça aurait pu ajouter à notre perception de cette magie si nous avions su plus tôt, comme lorsque Strange apprenait la magie. De plus, à l’exception de quelques sorts récurrents, nous voyons rarement les magiciens en train de faire la magie elle-même.

Ensuite, le récit s’arrête sur une suspension, comme s’il n’était pas tout à fait fini. Avec le mystère du Raven King à demi éclairci. Tout apparaît comme un peu inachevé, parce que les intrigues se résolvent sur des propos qui relancent les questions.

Ce ne sont que de bien faibles réserves. J’ai adoré lire Jonathan Strange & Mr Norrell entre autres à cause du rythme plus lent. Aussi parce que la plume est imagée, que l’ambiance de début 19ème est constante et que les personnages sont tout simplement savoureux et attachants.

Lu en : Juin-Août 2011

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